La Vacherie du parc de la Tête d'Or : protection à l’étude

La première œuvre de Tony Garnier reste ignorée de la plupart des visiteurs du parc qui la confondent avec les bâtiments du zoo qui l’entourent. Son caractère pittoresque, induit par les redents des pignons, la rattache à l’architecture des fabriques. Tony Garnier est également sensible, au tout début du XXe siècle, au courant régionaliste qui s’épanouit alors dans l’architecture. Pourtant, cet édifice constitue une sorte de « laboratoire » de la modernité à Lyon par l’usage précoce du béton armé…
 
Par l’attention portée au processus hygiénique de production du lait, la Vacherie préfigure aussi l’intérêt de l’architecte pour l’organisation des établissements industriels. Les premiers projets des abattoirs de Gerland sont d’ailleurs contemporains de l’achèvement de la vacherie. Les redents des pignons y seront repris, à une tout autre échelle, pour la grande halle qui porte aujourd’hui le nom de l’architecte. On les retrouve encore dans le dessin de la gare d’eau de sa Cité industrielle, son grand projet avant-gardiste publié définitivement en 1918.
 
Il s’agit d’un bâtiment fonctionnel d’une surface de 1 275 m2 sur deux niveaux, bien intégré au parc, mobilisant des matériaux bon marché et respectant les prescriptions des services vétérinaires. L’étable, l’équipement de stérilisation du lait, les locaux d’isolement pour les animaux malades et le logement d’une première vacherie sont clairement séparés, mais toutefois réunis dans une structure commune. Les travaux sont terminés fin 1906, et la vacherie est mise en activité avec trente-quatre vaches laitières. Mais la structure semble rapidement trop petite pour répondre aux besoins. Dès juin 1911, des conseillers municipaux demandent d’étendre la vacherie pour répondre à la demande croissante de lait. En outre, le logement d’une équipe plus importante de vachers pose problème. Garnier propose, en février 1912, la création de trois logements, dont deux sont aménagés dans le bâtiment même et le troisième au-dessus du local d’isolement. Les travaux sont achevés au printemps 1913. L’extension proprement dite de la vacherie ne sera pas menée à bien. À l’issue de la Première Guerre mondiale, avec l’évolution des techniques de conservation et la modernisation des moyens de transport, elle en effet devenue obsolète. La vacherie est fermée à l’été 1919 et transférée à l’école d’agriculture de Cibeins (Ain).
 
Ce bâtiment, qui a fait l’objet de divers projets de transformation d’usage (non réalisés), n’est, pour l’heure, pas protégé, et son état est inquiétant. La façade, notamment, présente un certain nombre de fissures et les enduits extérieurs se dégradent. C’est pourquoi il a fait l’objet, en janvier 2022, d’une demande officielle de protection au titre des monuments historiques à l’initiative de notre association. Le dossier est depuis lors à l’instruction au sein des services de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne Rhône-Alpes.

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